Effectivement j'étais partie en vacances avec ma mère, histoire de changer d'air, de penser à autre chose, de m'alléger l'esprit...
Je viens tout juste de rentrer. Bilan : Une catastrophe, une bombe nucléaire, un tsunami géant en pleine face.
Rien ne me plaisait, rien ne m'amusait, rien ne me donnait envie... J'ai juste suivi le mouvement.
Et puis les moments où j'me sentais tellement en dehors, extérieure à tout ça, où j'étais là sans être là.
Tous les soirs, mes larmes coulaient silencieusement.
Pourquoi ? Simplement parce qu'il m'était insupportable de me voir en maillot de bain, trop complexée par ce corps qui me dégoûte.
Et la vision de ces filles parfaites, qui le savent et se pavanent sur la plage, confiantes, sûres d'elles.
Ce rêve que je n'atteindrais jamais, ce but que je me fixe depuis une éternité, un oasis que trop absent dans un désert.
Il n'en fallait pas plus pour que l'anorexie revienne, que cette voix redouble de puissance pour prendre le dessus... Et le fracas.
J'ai sauté le repas du midi tous les jours prétextant la chaleur. Je ne mangeais que de petites salades. Chaque calorie avalée comptée, analysée, consciencieusement décryptée.
J'ai évité les gaufres, les crêpes. J'ai mangé des glaces à l'italienne, mais non sans culpabilité, chaque fois, je regrettais de l'avoir mangé alors je passais le reste de la soirée plongée dans mon silence, dans ma peine, ma honte et mon désarroi.
J'ai pris des laxatifs car je savais que je ne pouvais pas vomir, ma mère étant avec moi. La honte est pire encore.
J'ai erré comme ça pendant toutes mes vacances, souriant pour faire plaisir à ma mère, donner le change.
Alors que je n'en pouvais plus, et elle n'était pas dupe.
Elle a su.
L'issue était inévitable... L'hospitalisation est décidée. On en parlera à mon médecin le 14 août lors de mon rendez-vous.
Je viens tout juste de rentrer de tout ça. J'ai voulu mettre les photos prises lors de ces vacances sur mon ordinateur pour les regarder, et l'effet boomerang s'est produit..
J'ai constaté à quel point j'étais laide. Maigre, avec un air malade. Je suis tout sauf ce que je voulais être.
Et je ne peux m'empêcher de pleurer, je touche le fond, je n'ai plus le courage ni la volonté de me battre.
Pour quoi, pour qui, dans quel but je devrais guérir ? Je n'ai personne, rien, rien pour moi sauf l'anorexie qui est là et qui hurle dans mon crâne.
Je n'ai plus le courage, je suis à bouts, alors je pleure, pleure.....
Pourquoi ?
Quelle horreur..