Seulement, pour être bien contradictoire, je n'ai envie de voir personne.
Alors je reste chez moi, je ne fais rien ou, quand je suis motivée, je vais faire un tour, en ville, ou au supermarché.
Et j'achète de la nourriture. La moins calorique, ce qui aurait le plus de chance de passer, etc etc.
Sauf que je ne mange pas. Je n'y arrive pas.
Chaque jour, c'est pareil. J'arrive à m'enfiler un méga bol de céréales, et puis le reste de la journée, plus rien.
Je culpabilise sans même avoir mangé, juste à l'idée d'avoir eu l'idée de manger.
Et parfois, je vais avoir envie d'essayer, parce que "ça peut pas continuer comme ça" et qu'après tout "c'est moi qui décide, pas la maladie".
Comme aujourd'hui. J'ai voulu manger.
Mais tout ce que je parviens à faire, c'est rester figée devant le frigo et mon placard. Je n'y arrive pas. Je ne sais pas quoi manger, quoi prendre sans risquer de craquer.
Car souvent, quand je me prépare un plat, ça m'ouvre à une crise, je mange plus que ce que j'aurais dû, et je sais comment ça va finir : je vais aller aux toilettes pour rendre ce que j'ai avalé.
Seulement je n'en peux plus de vomir. C'est trop fatiguant, ça fait trop mal, et surtout, je sais qu'au fond je ne recrache pas tout.
C'est cette idée qui s'insinue en moi quand j'essaye d'aller manger : si tu ne peux pas tout rendre, alors ne mange pas.
C'est une boucle. Si tu manges, vomis, si tu ne veux pas vomir, ne mange pas.
Et cette voix, j'aimerais lui faire fermer sa gueule ! J'aimerais qu'elle me laisse ! Je veux être normale !
Je veux profiter de la vie, je veux avoir autre chose que ça qui me caractérise !
Sauf... Que je n'y arrive pas, ça me dépasse.
Je ne suis qu'une pauvre fille sans volonté.
Et cette maladie, c'est une torture, une vraie.